L’art contemporain russe au Sénégal
Le Musée des civilisations noires, Dakar, Sénégal
Peintre, écrivain, commissaire, des- sinateur, vidéaste, auteur d’instal- lations, des séries photographiques et des films d’animation. A la base de l’art de Leonid Tishkov, qui
transpose ses propres histoires my- thiques, ses réflexions sur le mémoire et même la réalité en images poé- tiques qui trouvent, à leur tour, des équivalents visuels — dessins, pein- tures, vidéos, installations ou objets lumineux — se trouve la foi à la puis- sance transformatrice de l’art.
Né en 1953 dans l’Oural, la région de Sverdlovsk. Diplômé de la Pre- mière école de médecine Setchenov. Auteur de nombreuses installations de public art. Lauréat de la Compé- tition panrusse dans le domaine de l’art contemporain l’Innovation, no- mination Artiste de l’année (2017). Au- teur des livres Comment devenir un artiste génial sans avoir le moindre talent (2007), Un garçon et la lune (2013) et d’autres.
Les œuvres de Tishkov sont conservées à la Galerie d’État Tretia- kov, au Musée Russe, au Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine et dans d’autres collections publiques et pri- vées russes et étrangères.
La Lune privée. 2003-2024
Installation lumineuse. Verre acrylique, diodes lumineuses. 200 х 100 х 20 cm.
« Le voyage de la lune privée autour du monde » et « Le voyage en Arctique ». Vidéo
La foi, l’esperance, l’amour - ce sont des valeurs fondamentales qui donnent le sens a la vie ou habite le bonheur. Mais c’est difficile de les trouver, c’est comme de prendre la Lune du ciel.
Un geste symbolique et poétique – l’appropriation de la Lune, dont la lumière réchauffe les âmes des enfants et des adultes et les aide à surmonter la désolation, le désespoir et la solitude – aujourd’hui, il est précieux comme jamais.
Créer une émotion poétique, fine, parfois douce, à peine saisissable – voici le but de mon art. Il n’est pas impératif de posséder la Lune pour prendre du plaisir à regarder sa lumière ! « La Lune privée » n’appartient à personne ! La Lune réelle voyage autour de la Terre, elle illumine de sa lumière merveilleuse les beaux paysages de notre planète bien-aimée, c’est pourquoi j’ai décidé de faire un voyage pareil avec ma Lune. Mais ce voyage sera un peu plus long qu’un tour de la Lune autour de la Terre. C’est un voyage qui durera toute la vie.
Installée d’une manière insolite dans le paysage au ciel ouvert, sur les balcons et dans les jardins des citadins ou dans des locaux et centrales désaffectés, la lune artificielle invite les visiteurs et les passants à vivre le sentiment d’une merveille. Le spectateur se retrouve à l’intérieur de l’installation, il devient un personnage et un complice de l’événement, il vit un état poétique dans notre époque prosaïque.
« La Lune privée » est une réintégration du projet romantique dans l’art contemporain actuel qui manque carrément de la poésie et de l’humanisme. Le dessin de l’échelle vers la lune, pour lequel je me suis inspiré par une gravure du peintre et poète anglais William Blake, représente le rêve éternel de l’homme : le vol et la recherche de la merveille. Notre vie est plus qu’un cadeau à nous, aux hommes et aux femmes, elle est aussi un voyage dans l’inconnu, c’est là sa beauté. Ne pas se reposer sur ses acquis, se soulever au-delà du quotidien, s’arracher aux griffes de la banalité – cela veut dire mettre une échelle vers la Lune et partir pour l’inconnu.
Fusée tricotée pour les voyages dans l’espace (visiter les ancêtres défunts). 2007-2014.
Installation. Tissu, tricotage. 250 х 100 cm
Tant qu’un homme n’a pas rendu la vie a ceux dont il l’a recue,
il est indigne de la vie et de la liberte
Le mémoire qui se matérialise au cours du temps devient un poids insupportable pour mes faibles épaules. A la fin de la vie tu cherches à libérer ton corps et ton âme pour t’envoler, car le seul but de notre vie terrestre est de se préparer au ciel. Tu commences à comprendre l’expérience de ta mère qui déchirait et coupait des vêtements vieillis pour en faire de petits tapis en couleurs. Le mémoire te laisse libre quand à travers d’un objet aux contours nets, l’objet qui gardait les traits d’une personne très chère à toi mais qui n’est plus là, il n’apparaît rien que des fils et des rubans innombrables. On les enroule en pelotes, c’est presque la création de nouveaux atomes qui serviront à construire quelque chose de nouveau à la forme de l’infini : des cercles concentriques qui s’enroulent en l’Univers. Là, on est au stade de tricoter un petit tapis. Et voilà, tu as sur tes genoux un petit tapis calme, cosy, où le mémoire du mémoire est enroulé, doux, presque limpide, léger, dissous jusqu’aux éléments. Le mémoire du mémoire est presque insaisissable, il ne te retient pas sur la terre. Avec lui, il sera facile de s’envoler, surmonter la lourdeur terrestre quand l’heure viendra. Et voici que le petit tapis se tricote en une fusée pour visiter dans l’espace les pères défunts. C’est eux qui nous invitent à travers la scintillation des étoiles. Il ne reste qu’à essayer ce scaphandre tricoté et devenir l’ombre d’un ange, car le tissu de ce vêtement avait gardé autrefois la chaleur de ta famille aujourd’hui céleste. Devenir part de l’espace.
Музей африканских цивилизаций, Дакар, Сенегал
Гран-Дакар, Ан-Бель-Эр, Route des Brasseries